de Monique Ballian dite Noizette, sculpteur

La Planète Gagavir, conte, page 1

Il était une fois une petite planète nommée Gagavir, tout là-haut là-haut dans le ciel étoilé, perdue dans la constellation d’Orion entre Bételgeuse et Bellatrix, une planète si minuscule et si bien cachée,  qu'aucun  télescope n'a jamais pu la repérer.
Ainsi aucun être humain n'a   pensé à l'envahir et à l'exploiter pour s'approprier ses richesses.
C'est une planète tellement tranquille qu'il est inutile d'y exercer une quelconque autorité - bien qu'elle soit structurée comme notre Terre, parce qu'on ne sait jamais: il vaut mieux se méfier des éventuelles brebis galeuses. 


Gagavir est dirigée par la belle Reine Gougoupe,  qui s'est entourée de quelques amis (ah ça vous allez me dire "comme sur la Terre" évidemment) pour tenir les rênes très lâches de son aimable royaume. Mais il n'est pas nuisible de s'entourer d'amis fidèles, quand ils sont compétents: ça permet de dormir tranquille.



D.S de Gagavir, cousine de la Reine, a été nommée Princesse des Armées, bien qu'il n'y ait pas d'armée, mais c'est pour lui faire plaisir, parce qu'elle est un peu susceptible. Il faut toujours prendre des gants avec la famille, même sur Gagavir.







Pulpoc l'Eléframboise a été nommé Ministre des Transports, parce que sur sa planète il n'y a pas de voitures, alors que ferait-on sans les éléphants. Heureusement il fait bon être un pachyderme sur Gagavir:  il n'y a pas de cornac armé de pique pour vous faire avancer. Et personne ne convoite vos défenses.

Jojo l'hippopotame
, lui,  s'occupe de la culture, parce que les hippopotames gagaviriens ont toujours adoré  véhiculer des idées sur leur dos, ne me demandez pas pourquoi, c'est comme ça: tous les hippopotames de Gagavir, à quelques exceptions près, ont des poèmes tatoués sur le dos. Il est donc normal que la culture leur soit définitivement attribuée; ce n'est pas comme sur la Terre, où l'on peut passer de la culture aux armées, des armées à l'éducation, de l'éducation au placard -ce qui n'est pas la pire des places, puisque tu es payé pour glander. Non: sur Gagavir, chacun a le poste pour lequel il est fait. Point.


Morgana la Panthère Magique est gardienne du Palais, bien qu'il n'y ait rien à garder ni personne à surveiller, la devise de Gagavir étant: "cool raoul".


Et Cool Raoul, c'est le nom de la grenouille, qui est, bien sûr, ministre de l'Art de Vivre, ça va de soi.


Le Ienche, lui, est confident de la Reine, parce qu'elle l'adore, et c'est réciproque,  et ça , ça ne s'explique pas.


Le Maestro a été nommé depuis peu chef de l'orchestre cacophonique, qui comme son nom l'indique, est un vrai cauchemar pour les oreilles, mais les gagaviriens sont très gentils et très patients et ne manquent jamais un concert, cacophonique ou pas. Ils espèrent que le Maestro fera des miracles; on peut toujours rêver.

Professeur Lallumé est chargé de la recherche, bien qu'il n'ait jamais rien trouvé de sa vie, si ce n'est des champignons dans la forêt quand c'est la saison, mais je ne vous conseille pas d'y goûter, s'il vous invite à manger une omelette forestière: il n'a jamais su faire la différence entre une amanite phalloïde et un champignon de Paris.

Caroline la rhinocéRose indienne, elle, n'a aucun titre, et s'en moque; l'essentiel étant qu'on la laisse tranquille, parce qu'elle ne pense qu'à batifoler et ne supporte aucune contrainte, aussi minime soit-elle.

Popotina la Comtesse Bleue  a été nommée gardienne des Rêves, à cause de son tatouage sur le dos: un texte de Pablo Neruda intitulé "muere lentamente", qui dit notamment: 

Vis  maintenant!
Risque-toi aujourd'hui!
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement!
Ne te prive pas d'être heureux!

Sur la planète, Gagavir, il y a aussi des Indiens.

Des vrais indiens, comme sur la Terrre –enfin, presque.

Parce que sur Gagavir, les indiens sont heureux ; on ne les tue pas, ils ne sont pas parqués dans des « réserves »,  et on les respecte.

La Reine Gougoupe, qui sait que tout équilibre est  fragile et que la Paix  est le plus précieux des biens, se rend souvent chez eux,  loin là-bas dans les Grandes Terres, tout au fond de la forêt vierge, au bord du fleuve Aoualpa, pour rencontrer le Grand Chef  Kaoua et sa femme la Princesse Kawouette.

Parce que les indiens de Gagavir détiennent tous les secrets de la Sagesse et connaissent tous les chemins de la Lumière, aussi est-il  indispensable de les écouter et de suivre leurs conseils.

C’est pourquoi ils ont toujours une lampe sur la tête :  pour nous éclairer sur les sentiers difficiles de la Vie.

La Grande Quête ou les Fantômes de Gagavir

Ombres insaisissables galopant sur les dunes de Garzouza…

Formes éthérées  dansant  sous les clairs de lune….                                                                                   

Ou visages issus de l’Inconscient…

On les voit mais ils ne nous voient pas, tant ils sont absorbés par leur voyage intérieur, par leur quête sans fin.


 LA BANDE A JOJO

La reine Gougoupe entretient avec la planète  terre de prudentes relations diplomatiques, se méfiant à juste titre de la perversité des êtres « humains ». Vos amis sont  souvent plus dangereux que vos ennemis.

Les adjoints de Jojo l’hippopotame, Ministre de la Culture, les hippos Jojos, surnommés « la bande à Jojo »,  sont chargés  d’aller faire sourire leurs cousins de la terre (qui ont  la fâcheuse tendance de faire la gueule pour rien) , parce que le sourire est la meilleure des armes. Il y a donc:


   Madame Jojo artiste-peintre au Brésil


Madame Jojo a la tête dans les étoiles




Jojo à Katmandou

Jojo en Arménie
Madame Jojo journaliste 
Jojo en Egypte

Jojo en Inde


Madame Jojo à Saint Tropez
    

 Jojo dans les Balkans

              Jojo à Tahiti


Jojo aux Seychelles

Mais l’ambiance sur terre est tellement morose, que parfois les Jojos ont un coup de déprime et le mal du pays…  alors voilà que notre Jojo broie du noir.


Et malgré tout le mal que se donne Madame Jojo mélowomane – elle joue divinement bien de la guitare - pour lui faire retrouver le sourire, il dépérit.
  
Dès qu’un  Jojo broie du noir,  il rentre au pays, car les gagaviriens ne supportent pas longtemps d’être malheureux., contrairement aux humains, à qui les religieux et les politiques ont enseigné la résignation,  pour mieux les asservir et les exploiter.

Les gagaviriens, eux, sont avides de bonheur, et détestent l’idée de la souffrance, qu’elle soit physique ou morale.

Quand un gagavirien souffre, il ne prend pas d’antidépresseurs, non !   il va vite voir Dame Tortue, la gardienne du Bonheur.

La lente, lente, lente,  gentille et douce tortue se contente de le regarder en souriant, sans parler,  et aussitôt  notre gagavirien est rassuré, sans savoir pourquoi.  La douleur qui serrait son cœur disparaît, une onde de paix envahit son cerveau, il se sent brusquement tout mou et tout détendu, et il repart serein…