de Monique Ballian dite Noizette, sculpteur

Le retour de la Reine Gougoupe




Sept mois, sept jours et sept heures se sont écoulés depuis la disparition de la Reine Gougoupe.

Sept longs  mois, sept longs jours et sept longues heures.

Ienche le chien dort toujours d'un sommeil profond et désespéré.

Morgana la Panthère n'est plus qu'une ombre furtive, triste et silencieuse, traînant sa peine et  son ennui de salle en salle dans le Palais désert. La poussière a recouvert les armoires en bois de rose, le feu s'est éteint dans l'âtre. Au pays de l'Eternelle Paix, les Ministres désemparés se cherchent à présent querelle.

C'est alors que jaillit un cri dans la nuit de Gagavir.

"la Reine, c'est la Reine ! la Reine est vivante ! "

Elle gît au fond d'une ravine dans la Vallée Bleue, livide, maigre, épuisée, sale, en haillons. Mais, est-ce bien la Reine ? est-ce possible ! est-ce Gougoupe?  qui est-ce donc !

Le jeune berger qui l'a retrouvée, lui,  n'a pas eu le moindre doute: cette femme en guenilles, ce tas recroquevillé, cette clocharde, cette pauvresse,  ne peut être que la Reine . Son instinct le sait. Son âme le lui certifie. Alors il alerte la planète. Et de tous les coins de Gagavir, arrivent les Chats, les Chiens, les Grands Ours, les Vaches et les Lions, les petits insectes et les "grands prédateurs", les souris et les papillons, les tortues et les lapins, les gentils moineaux et les crocodiles.

Réchauffée et entourée, la reine commence à bouger. Ses paupières frémissent,  ses joues rosissent,  elle s'étire,  et enfin,  elle parle:

"j'ai faim, j'ai  faim !"

Le Prince Kaoua et la Princesse Kawouette, arrivés d'urgence  sur les lieux en Volante Soucoupe, se regardent et se sourient: si la Reine a faim, la Reine  est sauvée.

Alors, on allume un grand feu de joie en son honneur, les troubadours se mettent à chanter, les fées jettent des pluies d'étoiles, l'orchestre Cacophonique  joue un morceau de Culbuto le Nabot, et tout Gagavir entre en liesse.

Noizette - extrait de la Planète Gagavir